Vue de l’entrée du Musée de Minéralogie de l’École des Mines de Paris © Esprit Joaillerie
Vitrines de Minéraux du Musée de Minéralogie de l’École des Mines de Paris © Esprit Joaillerie
Esprit Joaillerie a rencontré Didier Nectoux, conservateur du Musée de Minéralogie Mines ParisTech. Pour nos lecteurs, il partage les “curiosités minérales” et merveilles de la nature. Cette interview a lieu à L’Hôtel de Vendôme, situé dans les jardins du Luxembourg, où se situe le musée de minéralogie Mines de ParisTech.
Roches, cristaux et minéraux y sont exposés, proposant ainsi un patrimoine universel.
Rencontre avec Didier Nectoux
Quelle est votre pierre préférée ?
Il y en a deux, je les aime parce qu’elles suscitent l’émerveillement et l’interrogation sur le naturel et l’artificiel. Tout d’abord, la Sépiolite car personne ne croit que c’est un minéral ! En effet, elle ressemble étonnamment plus à une sculpture qu’à un minéral.
Sepiolite
© Mines ParisTech
Ensuite, la seconde c’est la Pyrite. C’est un classique mais là aussi cette perfection des formes géométriques interpelle. Ainsi, le visiteur a du mal à croire qu’il n’y a eu aucune intervention humaine sur de tels échantillons.
Pyrite
© Mines ParisTech
Qu’est ce qui vous plaît dans votre métier ?
Sans aucune hésitation je répond le partage des connaissances.
Que vous inspire la pierre d’un bijou ?
Cela m’intéresse car un bijou avec pierre raconte à la fois l’histoire du gisement de cette pierre, de sa découverte et le savoir-faire de l’artisan qui l’a taillée.
De plus, il est passionnant de pouvoir à travers une pierre taillée de faire la relation entre son origine et la façon dont elle a été transformée, façonnée. Voici une phrase que j’ai gardée à l’esprit, celle d’un tout jeune visiteur de notre Musée de Minéralogie:
“Les pierres sont tellement belles qu’on croirait des fausses.”
Cette confusion entre la beauté naturelle et la création artistique est merveilleuse.
Si vous deviez choisir une pierre pour son utilité ?
Immédiatement me vient à l’esprit la calcite.
Calcite
© Mines ParisTech
Par exemple, en la chauffant à 880 C°, on fabrique de la chaux. Temples, cathédrales, ponts, châteaux ou simples maisons particulières ont été bâtis avec ce matériau.
De même, elle entre également dans la composition du ciment (80% Calcite et 20% d’Argile), le ciment a accompagné la révolution industrielle. Là encore combien d’ouvrages d’art, de constructions ont été et sont encore édifiés en béton !
Toujours à propos de la calcite il ne faut pas oublier la découverte et le travail de l’abbé René Just Haüy considéré comme le père de la cristallographie. La petite histoire raconte que c’est en faisant tomber un rhomboèdre de calcite et en le cassant que l’abbé Hauy a eu l’intuition qu’il existait une organisation interne des minéraux développant ainsi le concept de la molécule intégrante. En racontant cette anecdote et lui faisant s’écrier “Tout est trouvé !” Cuvier a fait, entrer Hauy dans le Panthéon des grands scientifiques. La calcite est à la cristallographie un peu ce qu’est la pomme de Newton à la loi de la gravité. La calcite a ouvert les portes de la matière !
Soulignons que la calcite, carbonate de calcium, est aussi l’unité de stockage du CO2 atmosphérique.
Il y a plusieurs milliards d’années la calcite s’est mise à précipiter (grâce sans doute à l’activité biologique) pour former des volumes considérables de roches calcaires. Ce faisant elle consommait et stockait l’énorme quantité de CO2 atmosphérique produite par les volcans rendant ainsi respirable l’air et de ce fait possible la vie hors de l’eau.
Formidable calcite qui participe ainsi à l’histoire de la terre, de la science et de la civilisation humaine.
Une pierre historique ?
Améthystes provenant des joyaux de la Couronne de France © Esprit Joaillerie
Les pierres des Joyaux de la Couronne !
Le musée de minéralogie Mines ParisTech possède et présente des améthystes, des topazes et émeraudes provenant des joyaux de la Couronne de France. En 1887 la république décide de vendre ce trésor. Les experts décident cependant de conserver certaines pierres qui seront déposées au Louvre, au Muséum national d’Histoire Naturelle et au Musée de l’École des Mines.
Qu’est ce qui vous a donné la passion des pierres ?
C’est grâce à un professeur de classe de 4ème, de son cours de géologie et d’une sortie à Cormeilles en Parisis. En dépit d’une pluie intense, j’ai surement été le seul élève enchanté par cette sortie géologique. J’en ai ramené des coquilles d’huitres et des cristaux de gypse.
Gypse
© Mines ParisTech
Ça a été une vraie révélation. Le prof était génial.
Ma passion est née ce jour là.
Une musique que vous écoutez ?
De la musique baroque. Mozart car on touche au divin. Mais en ce moment c’est aussi le disque de Stromae. C’est très éclectique.
Quelle exposition aimeriez-vous organiser ?
Une exposition sur la beauté et l’utilité des minéraux ! Une exposition qui permet d’expliquer les relations qui existent entre ces magnifiques minéraux et les objets qui nous entourent dans notre quotidien.
Également sur la découverte des minéraux et des minerais. Les aventures humaines, techniques, scientifiques qui touchent à leur exploitation, traitement, transformation pour obtenir des objets manufacturés sont absolument passionnantes et si mal connues du grand public.
Nous vous remercions pour cette visite au milieu de ce patrimoine esthétique.
Vous rendez accessible à tous la minéralogie. Ainsi, grâce à vous notre regard sur les pierres change, elles ne sont pas seulement belles elles sont utiles !
Musée Mines ParisTech
60 Bd Saint-Michel 75006 Paris
