Sylvaine Gorgo marqueteuse de pierres.
Esprit Joaillerie se penche sur un métier de passion, le marqueteur de pierres dures. Sylvaine Gorgo, marqueteuse de pierres, partage avec nous son savoir-faire pour cet art rare.
Il faut dire qu’il faut maitriser toute la palette des couleurs des pierres. Connaître leur dureté pour les débiter en tranches de faible épaisseur. Puis vient la découpe des pièces plus petites pour être collé sur une plaque. Cet art, qui est l’un des plus difficiles, passionne Sylvaine qui se définit comme une artiste de la peinture éternelle.
Chère Sylvaine, comment êtes-vous devenue marqueteuse de pierres ?
Par hasard. Avant tout, c’est grâce à l’appui de la famille d’un marqueteur décédé que j’ai pu reprendre le flambeau de ce métier si particulier. Ainsi, c’est par la transmission que cet art s’est révélé.
De surcroît, je travaillais les pierres calcaires mais aussi les granits et le porphyre. Alors, ils se sont dit que si je n’avais pas peur de travailler le granit du Zimbabwe, je n’aurais pas peur de plus dur et que la reprise de l’atelier m’intéresserait. Par ailleurs, ils cherchaient depuis plusieurs années quelqu’un qui se lance dans l’aventure. Après réflexion, cela m’a pris une heure pour prendre la décision. Je pense qu’en fait elle était déjà prise.
La pierre dure est une matière difficile et exigeante, avez-vous fait une formation particulière ?
Non. J’étais transitaire ( organisateur de transport multimodal ) et je travaillais dans la logistique avant de me convertir au travail de la pierre. Autrement dit, ma formation s’est faite au fil des années en autodidacte. À l’aide de rencontres c’est ainsi que la reprise de l’atelier a été un formidable accélérateur. Bien sûr c’est également beaucoup de travail car la taille de pierres fines demande un long apprentissage.
Que représente les pierres pour vous ?
Pendant mon enfance, les pierres étaient présentes mais je ne m’y intéressais pas. Cependant, mon père, ingénieur de métier, a pratiqué la spéléologie entre les année 1950 à 1970. Et évidement, il collectionnait les « cailloux ». Toutefois, cette collection n’étais pas toujours d’un grand intérêt esthétique et parfois cela me laissée perplexe. Il est indéniable que les pierres étaient présentes à la maison.
Plus tard, un proche parent m’a initié à la mosaïque romaine. Cela m’a plu mais le travail par percussion c’est à dire entre le tailloir et le marteline m’a vite ennuyé. Au point de ressentir le besoin de tailler, de rentrer dans la matière.
C’est pourquoi je suis passé naturellement à la taille des pierres, pour arriver en 2016 aux pierres fines. De fait, avec le sentiment d’être enfin arrivée à bon port.
Nul doute que les pierres, et les pierres fines en particulier, correspondent à mon tempérament. J’ai besoin d’une matière qui me résiste et d’une matière « vivante », non uniforme et changeante. Donc, la marqueterie est parfaite pour cela. Je suis toujours obsédée par cette matière et par mon travail.
Parmi toutes ces pierres quelle est celle que vous préférez ?
Le lapis-lazuli, c’est une pierre que j’ai longtemps évité (ne me demandez pas pourquoi) pourtant c’est une pierre qui aujourd’hui me fascine. Néanmoins, j’aurais tendance à dire aussi que la pierre préférée est la pierre du moment, ou la prochaine pas encore travaillée.
Quelle est la première marqueterie que vous avez réalisé ?
La toute première oeuvre représente une guerrière chinoise, tirée d’un vieux recueil de contres chinois, en technique d’incrustation. C’est une pièce qui a beaucoup compté, je l’ai passé en collection personnelle.
Y-a-t-il une oeuvre qui vous inspire ?
À vrai dire j’ai un amour particulier non pour une oeuvre mais pour des périodes.
Par exemples les miniatures persanes, les estampes japonaises et les grotesques. Ils occupent une place particulière surtout dans l’élaboration de mon travail sur les contes et les légendes mais aussi comme modèle de finesse.
Signalons aussi qu’en marqueterie j’ai une fascination pour le sol de la cathédrale de Sienne.
Au delà, tout m’inspire.
Merci Sylvaine pour cet échange.
Pour tout dire vos marqueteries sont de véritables tableaux oniriques. Votre talent nous permet de voir les pierres dans un univers enchanteur.