S’il devait exister une fée de la perle et de la nacre ce serait très probablement Melanie Georgacopoulos. Cette créatrice de bijoux a un don, celui de transformer la perle et la nacre, son approche contemporaine presque mystique nous permet de découvrir ces matières sous un jour nouveau.
Pour Esprit Joaillerie, Melanie a pris le temps de parler de son parcours et de sa passion.
Chère Melanie Georgacopoulos, comment vous est venue votre passion pour la perle et la nacre ?
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Tout d’abord il faut savoir que j’ai commencé à travailler avec la perle un peu par hasard.
De 2005 à 2007 je poursuivais alors mes études de Masters au Royal College of Art et je travaillais avec pleins de matériaux différents tout en cherchant mon style… et je dessinais beaucoup de formes géométriques. Lorsque mon chef de department Hans Stofer a vu mes dessins (il y avait beaucoup de formes rondes) il m’a dit d’essayer de travailler avec des perles puisqu’elles sont rondes.
Donc, j’ai suivi son conseil et ma première idée fut de prendre une perle et de la couper en deux pour voir ce qu’il y avait dedans ! J’était simplement curieuse !
Cela a été une révélation, j’ai été complètement séduite et j’ai assez vite réalisé qu’il n’y avait presque aucun bijou contemporain intéressant avec des perles. Alors après mon show de fin d’année en 2007, que j’avais consacré aux perles, et comme je vendais très bien les pièces que j’avais réalisé avec des perles, j’ai décidé de fonder ma marque en 2010. En effet, l’idée était de “ré inventer” la perle dans le bijoux contemporain. La nacre est venue s’intégrer dans mon travail très naturellement. En effet, il y a 3/4 ans, cela a été comme une progression organique. Simplement en regardant ce qu’il y a autour de la perle et dont presque personne ne parle… Encore une fois, c’est un matériau qui est peu utilisé dans le bijou contemporain de manière intéressante. Pourtant, je trouve que la nacre est une matière très intrigante. Elle est tellement proche de la perle et en même temps très différente.
Au fond, je pense qu’il y a un potentiel énorme à explorer là aussi !
Melanie quel bijou vous fait rêver ?
J’adore les bijoux qui m’intriguent, ceux que je ne pourrais pas faire moi-même. De plus il a les bijoux anciens qui font partie de leur époque, comme par exemple les bijoux en or dans les musées grecs avec lesquels j’ai grandi. Il faut souligner que j’aime les pièces qui repoussent les limites créatives ou techniques. En faite, ce sont les bijoux qui ont une âme où l’on peut ressentir la main qui les a fabriqué.
Quel joaillier vous a inspiré ?
Il y en a plusieurs. René Lalique, il me fait toujours rêver !
Line Vautrin pour son regard unique, Solange Azagury Partridge pour son audace et Alexandra Jefford pour ses pièces sculpturales.
Quel est le premier bijou que vous avez réalisé ?
Vers l’âge de 15 ans j’ai su que je voulais faire parti du monde du bijou, cela a été une force et une grande chance. À l’époque je passais des week-end entiers à me fabriquer des boucles d’oreilles avec les pièces d’un ordinateur cassé.
Heureusement ma mère a gardé toutes mes premières pièces !
En ce qui est le premier bijou contemporain que j’ai réalisé avec les perles, c’est le collier avec les perles coupées que TASAKI a après repris.
Avez-vous une anecdote autour d’une de vos créations ?
Chaque pièce, surtout les dernières de la collection Carats, ont une petite histoire.
Elles sont difficiles a réaliser, il faut trouver la bonne personne qui ai envie d’essayer de fabriquer quelque chose de différent qui parfois les oblige à dépasser leur patience et leur limites…
Ce qui est fantastique c’est qu’à travers les pièces que je fais faire, cela me permet de rencontrer des personnes intéressantes, et parfois même difficiles aux quelles je dois m’adapter et lorsque la pièce est enfin finie, une nouvelle étape commence pour la montrer, en parler et la vendre…
C’est un parcours qui parfois ressemble à un petit marathon au travers duquel j’apprends toujours quelque chose, non seulement par rapport aux techniques mais aussi par rapport à moi-même, j’évolue à travers chaque pièce que je réalise.
Si vous deviez choisir une oeuvre d’art ?
En ce moment je suis le travail de David Shrigley, j’aime beaucoup son humour et cynisme, sa légereté apparente pour parler de choses sérieuses.J’aimerais beaucoup m’offrir son “special edition rug I m Special”.
La santé bien sûr, et toujours de la curiosité pour continuer mes explorations sur les perles et la nacre !
Merci Melanie pour cet échange, grâce à vous la perle est réinterprétée et son image classique bousculée pour nous offrir une nouvelle approche plus contemporaine.
Melanie Georgacopoulos
melaniegeorgacopoulos.com