Le musée de la légion d’honneur, un musée unique.
Esprit joaillerie vous emmène au musée de la Légion d’honneur.
Situé rive gauche en face du célèbre musée d’Orsay, le musée de la Légion d’honneur propose aux visiteurs de très nombreux trésors.
Amoureux de beaux objets, amateurs d’histoire, passionnés de la Légion d’honneur et du Premier Empire ou tout simplement curieux, découvrons ensemble quelques uns de ces objets remarquables aux dimensions historiques, artistiques et sociologiques.
Ce collier exceptionnel de l’ordre de saint-Michel date du règne de Louis XIV, il fut remis en 1661 à Marinus van Stavenisse, notable hollandais de la ville de Zlerikzee, à une époque où l’ordre avait perdu de son importance. La plupart des colliers, devant être rendus au décès du récipiendaire, disparurent à la Révolution, où l’ordre fut aboli et les insignes fondus. Seul trois exemplaires sont connus aujourd’hui, un conservé au palais de Het Loo, à Apeldoorn, un au Rijksmuseum d’Amsterdam et celui-ci, au Musée de la Légion d’honneur, déposé par une famille hollandaise.
Créé en 1693 par Louis XIV, l’ordre de Saint-Louis inaugure le principe de la chevalerie de mérite militaire.
Il est divisé en trois grades et récompense les officiers, nobles ou roturiers.
Cet insigne est celui reçu par le chevalier d’Eon sous le règne de Louis XV. Diplomate, espion et soldat, il est principalement connu pour son goût pour le travestissement. Il s’agit d’un excellent exemple des histoires extraordinaires qui se cachent derrière chaque décoration.
Celle-ci lui fut remise lors de négociations de la fin de la guerre de
Sept ans, après avoir subtilisé le contenu secret du porte-documents du sous-secrétaire d’Etat Wood de sa majesté britannique et l’avoir envoyé à Versailles. Le chevalier d’Eon profita de la faiblesse de celui-ci pour le vin de Bourgogne.
« Dragon à l’armée et au cabinet » d’après les mots du duc de Brissac, le chevalier d’Eon reçut cet insigne alors qu’il ne possédait pas les dix ans de service normalement requis « pour être susceptible de cette grâce ».
Cette étoile, non pommetée et environnée d’une couronne de feuillage ininterrompue, est un insigne de grand aigle inédit à ce jour. Il diffère des modèles « règlementaires » dont le musée expose, entre autre, les exemplaires du maréchal Lannes et de Jean-Etienne Portalis.
L’insigne de Grand Aigle du Maréchal Ney est un bijou composite, car modifié à plusieurs reprises en fonction du cours des événements, et illustrant donc fidèlement la parcours du maréchal à travers les différents changements de régime.
Il fut transformé dès 1806 par l’ajout d’une couronne. Les centres furent ensuite changés une première fois (figure d’Henri IV à l’envers et fleurs de lys au revers) lors du ralliement de Ney à la première Restauration en 1814. Puis une seconde fois lorsqu’il embrassa à nouveau la cause napoléonienne. Il s’agit ainsi d’un rarissime exemple de centres des Cents Jours, comportant la légende
« NAPOLEON.EMPEREUR.DES.FRANCAIS »
« Miroir d’Histoire et de société », cette décoration entra dans l’Histoire en servant de pièce à conviction pour le maréchal Ney, qui entendait prouver la non-préméditation de son ralliement à Bonaparte.
Il déclara devant la chambre des pairs : « M. de Bourmont prétend que je portais une décoration de Bonaparte. J’ai conservé celle du Roi devant Bonaparte, et jusqu’à mon retour à Paris (le 20 mars), où mon bijoutier m’en a fourni de nouvelles ; on peut le faire entendre».
M. Cailloué, bijoutier au Palais Royal, fut appelé à témoigner le lendemain et présenta son registre de compte avec la mention du changement des médaillons de deux croix grand cordon pour 50 francs au 25 mars, ce qui ne permit cependant pas de sauver le maréchal.
Créé en 1348, l’ordre de la Jarretière est l’un de plus anciens et des plus prestigieux ordres de chevalerie encore existant. Son histoire, mêlant légende et histoire médiévale est très intéressante.
Sa célèbre devise « honi soit qui mal y pense » aurait été prononcée par le roi Edouard III lors d’un bal de la Cour, voyant les sourires ironiques de ses courtisans alors qu’il se relevait après avoir ramassé la jarretière de la comtesse de Salisbury. Cette devise se réfère en réalité aux revendications de ce roi sur la couronne de France (liées à la Guerre de cent ans), signifiant « maudit soit celui qui pense que je ne suis pas le vrai roi de France » et la jarretière, élément de l’équipement militaire du chevalier, renvoie à une symbolique d’union entre les couronnes de France et d’Angleterre.
Cet insigne, aux dimensions impressionnantes (15,3 cm de hauteur), date du début du XIXème siècle. Alors qu’en Angleterre est apparu le courant Néo-gothique, de nombreuses joutes, à l’image des tournois médiévaux, sont organisées. C’est à cette occasion que cet insigne « fantaisiste » aurait été commandé.
L’insigne de l’ordre de la Toison d’or (modèle autrichien) ayant appartenu au prince Karl Anselm de Thurn und Taxis (1733-1805) fut remis à celui-ci en 1775.
Il illustre parfaitement le double sens du mot « décoration ». Véritable bijou d’apparat, il possédait plusieurs parures pour sertir la Toison d’or, en fonction des tenus du prince (diamant jaune, émeraude, etc.)
L’ordre du royaume de Thaïlande, ordre des neufs gemmes, est mis en place au cours du XIXème siècle. Il s’inspire de la croyance en l’influence bénéfique des astres sur la destiné des hommes, tirée de la tradition hindouiste.
Dans cette conception de l’univers, chaque pierre capte l’influence positive d’un des neuf astres qui entourent la terre.
Voici la correspondance des gemmes : le rubis pour le soleil, le diamant va à venus, la perle à la lune, le corail pour mars, le zircon est le point d’intersection ascendant de la course de la lune par rapport au soleil, le saphir est lié à saturne, l’oeil de chat au point d’intersection descendant de la course de la lune par rapport au soleil, le saphir à jupiter et enfin l’émeraude pour mercure.
Il est à noter que parmi les insignes reçus, seul les hommes portent cette bague, à l’index droit.
Pour terminer cette première visite du musée de la légion d’honneur, voici un portrait du prince Romuald Vladislav Konstantinovitch Giedroïtze, chambellan de la cour, maréchal de la noblesse du district de Troki et attaché au ministère de l’Éducation Publique.
Ce chambellan russe porte une invraisemblable combinaison d’ordres, illustrant la prolifération des décorations à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. L’aspect caricatural de cet excès sera en France l’une des raisons de la création de l’ordre national du Mérite, le 3 décembre 1963. Les armoiries sont celles de la famille Guedroïtze.
La devise « VITAM IMPEDERE VERO », qui signifie « consacrer sa vie à la vérité » est tirée d’un poème de Juvénal. Parmi les très nombreux insignes d’ordres étrangers, on peut noter la présence de la croix de chevalier de la Légion d’honneur (IInd empire), des Palmes académiques, et de l’ordre royal du Cambodge, devenu ordre colonial français en 1896.
Esprit Joaillerie vous conseille vivement la visite de ce « bijou historique ». Il séduira petits et grands qui ne resteront pas indifférents face aux merveilles du Musée de la Légion d’honneur.
Mes remerciements à Tom Dutheil, attaché conservateur du musée, pour ses passionnantes anecdotes historiques lors de ma visite.
Musée de la Légion d’Honneur
2 rue de la Légion d’Honneur 75007 Paris
Du Mercredi au Dimanche 13h à 18h