Rencontre avec Évelyne Possémé aux Musée des Arts Décoratif
Le Musée des Arts Décoratifs possède un ensemble de bijoux allant de l’antiquité à nos jours. Esprit Joaillerie a rencontré sa conservatrice en chef, qui veille sur ce merveilleux patrimoine.
Comment devient-on conservatrice de la Galerie des Bijoux ?
Après mes études, j’ai eu la chance de faire un stage chez un antiquaire, j’ai tout de suite été attirée par ses vitrines de bijoux. Entrée au musée des Arts Décoratifs, j’ai dû présenter toute la collection de bijoux du musée, alors en réserve, pour un conservateur du British Museum qui travaillait sur la récente donation Anne Hull Grundy. Ce fut une révélation et je décidais de faire ma thèse de mémoire pour l’université sur la collection de bijoux donnée par Henri Verver, mémoire que j’ai soutenu en décembre 1985. Parallèlement, j’assistais la conservatrice des dessins dans la préparation de l’exposition Fouquet qui eut lieu en 1983. Je savais lire les poinçons et connaissais déjà les techniques de la bijouterie. Relier ces connaissances techniques à l’étude des dessins et à la recherche fut un aboutissement. un an plus tard naquît le projet de la Galerie de Bijoux. Il fallut attendre 2004 pour qu’enfin le Musée puisse présenter les trésors des joailliers et orfèvres. 20 années, une longue attente mais une belle réalisation.
Quelle est votre époque favorite du bijou ?
Toutes les périodes du bijoux me plaisent. Cependant l’époque Art Nouveau a une résonance particulière pour moi, car j’ai commencé par l’étude de la collection Henri Vever. Suite à cette donation en 1924, le Musée des Arts Décoratifs posséde une des plus belles représentations des bijoux français du XIX ème siècle. Les plus grands joailliers de l’époque y sont présents, François-Désiré Froment-Meurice, Alexis et Lucien Falize, Simon Petiteau, Jules et Louis Wièse, Frédéric Boucheron, René Lalique…
Quel est votre bijou préféré ?
Un pendentif, celui de René Lalique “l’Aiglon”.
C’est une merveilleuse histoire. Je l’ai vu pour la première fois lors d’une foire à Londres, sans que l’on puisse lui donner une provenance exacte et son style était atypique pour Lalique… Le temps passe et 2 années plus tard, en visitant la villa L’Arnaga au Pays Basque, je découvre exposé un dessin représentant Rosemonde Gérard (poétesse, épouse d’Edmond de Rostand et amie de Sarah Bernhardt) portant ce pendentif ! J’ai essayé aussitôt de retrouver le pendentif qui avait été vendu. Quelques années plus tard, il fut mis en vente à nouveau chez Christies, un moment inoubliable, il y avait beaucoup de bijoux Lalique et de marchands. Le Musée des Arts Décoratifs a pu acquérir ce fameux pendentif de René Lalique qui avait été acheté par Sarah Bernhardt à l’Exposition Universelle de Paris en 1900. Offert à Rosemonde Gérard, poétesse et épouse d’Edmond de Rostand qui venait d’écrire pour elle la pièce de théâtre L’Aiglon que Sarah Bernhardt jouait en 1900 et qui fut l’un de ses plus grand succès.
Quelle est votre pierre préférée ?
Une améthyste taille cabochon. J’aime la couleur et cette taille la rend encore plus sensuelle.
Quelle musique écoutez-vous ?
Du jazz et également de la musique baroque.
Un livre que vous n’avez pas oublié ?
“c’est moi qui souligne” de Nina Berberova.
Que représente la période Art Déco ?
Une réaction à l’Art Nouveau, c’est fort. On distingue nettement ces deux périodes que sont l’Art Nouveau et l’Art Déco, l’année 1910 est un passage vers l’Art Déco, vers la modernité.
L’Art Déco est géométrique, on pourrait presque dire que c’est l’art de la géométrie qui va donner naissance au design.
Le Musée des Arts Décoratifs posséde une des plus belles collections au monde d’Art Décoratif de cette période et de ce style né en France.
Une prochaine exposition que vous aimeriez réaliser ?
Sur la joaillerie, peut-être …
Une visite s’impose au Musée des Arts Décoratifs pour tous les amoureux de bijoux.
Musée des Arts Décoratifs de Paris
107 rue de Rivoli 75001 Paris
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