Esprit Joaillerie et la Maison Miller visitent les années 40. Fortement marquées par la seconde guerre mondiale, les artistes et créateurs ont essayé de continuer à créer, malgré tout, de chaque coté de l’Atlantique.
C’est cet esprit créatif, résistant, que nous allons mettre en valeur dans cet article, sur la musique « Nuage »de Django Reinhardt et du Hot Club de France.
L’art déco voit le style année 40 lui succéder se nourrissant de l’esprit surréaliste. Dans l’Europe envahie par la terreur, les destructions se multiplient, les activités artistiques, commerciales et industrielles sont en sommeil. L’évolution des objets est guidée par l’évolution sociale.
L’exposition de 1937 à Munich dénonce « l’art dégénéré »(entartete Kunst) le cubisme, dadaïsme, impressionnisme sont sans valeur, il ne doit y avoir que l’art officiel, « l’art héroïque » ainsi en décide le régime Nazi.
Des milliers d’oeuvres d’art seront saisies pour être détruites.
Face à la menace de guerre grandissante, débutent des opérations d’évacuation des collections publiques, le Musée du Louvre choisit de protéger ses trésors dans des lieux isolés, dans les campagnes.
La célèbre Joconde quitte le Louvre le 28 août 1939. Le 3 septembre, lendemain de la déclaration de la guerre, la décision est prise, les oeuvres les plus précieuses doivent partir dans la journée.
Dans son tableau « Enfant géopolitique observant l’Homme nouveau », Salvador Dali montre que l’humanité doit sortir de son ancien monde pour renaitre dans la difficulté.
Pour Picasso peindre est une forme de résistance (on se rappelle de son fameux tableau Guernica), la création c’est la vie. Menacé de mort, reclu dans son atelier, il peint cette nature morte à la fin de la guerre
« Tête de mort, cruche et poireaux ».
Certaines créations d’accessoires peuvent aussi participer à l’expression d’une résistance.
Le problème des matières premières se pose et le manque pousse à l’imagination. Des matières de substitution trouvent alors leur place. La mode devient aussi une manière de résister, de rester dignes face à l’occupant. Elégante malgré la guerre, les femmes redoublent alors d’inventivité et d’ingéniosité.,
La maison Grès ignore les règles strictes de métrage de tissu.
Le chapeau remplace le coiffeur et devient un sujet favori pour la créativité. Les turbans connaissent un vif succès.
Malgré les difficultés matérielles, les restrictions et les moyens limités, la vie mondaine et artistisque résiste elle aussi. Le cinéma, les cabarets et théâtres connaissent de fortes affluences.
Même s’il est difficile de circuler car les arrestations, contrôles permanents ou couvre-feu rappellent que la guerre est bien présente, le public veut vivre malgré tout, se distraire.
Si certaines représentations peuvent être interrompues par des pannes électriques ou des alertes aux bombardements dans les grandes villes, on résiste également en s’évadant par la culture. La littérature est elle aussi emportée dans une économie de restriction, papier et encre sont rationnés, mais toujours active et reste un des refuge favori des français. Autre média qui a suivit les français pendant les années 40, la radio. Très efficace, ce nouveau moyen de communications et d’informations touchait en même temps un grand nombre de personnes.
Le bijou lui aussi dû s’adapter aux circonstances.
Pendant la guerre, le commerce de l’or en gros est interdit par la Banque de France. L’activité des ateliers de joaillerie en était donc ralentie. Lorsqu’un client souhaitait réaliser un objet en or, il devait fournir le métal nécessaire à sa réalisation, et souvent les bijoux anciens étaient transformés.
Les pierres précieuses n’arrivaient plus ou peu en Europe. Ces difficultés ont été surmontés et la joaillerie française a su modifier l’aspect et le but de sa production. Les bijoux en or, valeur refuge, dominent les créations.
Des bijoux de « résistance » font leur apparition, comme les clips oiseaux en cage. Sous l’occupation, la Maison Cartier avec Jeanne Toussaint et le dessinateur Peter Lemarchand créent plusieurs pièces représentant un petit moineau, enfermé dans une cage, symbole de cette France occupée.
A la fin de la guerre, Cartier a ouvert cette cage symbolique.
La France est libérée !
L’or est travaillé de manière à reproduire la trame de certains tissus ou bien encore des ornements de passementerie, comme les motifs de chevrons ou résille. Les nœuds dentelles (l’or poli et repercé est rehaussé de diamants afin d’imiter les effets de la dentelle) mis à l’honneur dans les collections
Van Cleef & Arpels, connaissent un certain succès.
Les motifs figuratifs comme la gracieuse ballerine sont recherchés.
Le style année 40 est massif et volumineux, esthétique il est en trois dimension. Les pierres précieuses sont moins présentent, et l’utilisation de pierres fines comme la topaze, la citrine ou l’améthyste est choisie.
On rencontre également de nombreux saphirs et rubis synthétiques. Les bijoux sont souvent creux, et si l’or remplace le platine, il garde son aspect précieux en offrant plusieurs couleurs comme le rose, vert, jaune ou blanc.
Si on devait choisir un bijou caractéristique de cette époque ce serait le bracelet. Conçus en or, articulés, les bracelets sont constitués de motifs volumineux carrés, hexagonaux …
Les modèles les plus caractéristiques s’inspirent des chenilles des tanks, leur laissant ainsi leurs noms.
L’Officiel de la Couture de mai 1940 décrivait la joaillerie française : « Commerce éminemment de luxe, la joaillerie française ne pouvait pas, en ces temps difficiles, prétendre survivre sans modifier l’aspect et le but de sa production. Certes les pièces de grande valeur subsistent dans ces précieuses vitrines. Mais le Français, la Française à qui vient actuellement l’envie de passer le seuil de ces grandes maisons, orgueil notre commerce national, cherchent plutôt des bijoux fantaisie d’un prix plus facilement accessible. C’est pourquoi les joailliers parisiens se sont surtout orientés vers une conception pratique et décorative de leurs créations. »
Il n’est pas facile de trouver un lieu emblématique des années 1940, nous avons choisi le fameux bar du Ritz, celui fréquenté par Ernst Hemingway et sa célèbre légende qui veut que le futur prix nobel arriva en jeep Place Vendôme, déclarant : « Je viens libérer le Ritz ».