Le collier de la Reine, une réplique royale sous le marteau.
Le 17 juin prochain à Paris, le département Mobilier & Objets d’Art d’Artcurial présentera aux enchères une pièce singulière : la plus ancienne et la plus fidèle réplique connue du célèbre collier de la Reine, au cœur de l’affaire qui a marqué les dernières années de la monarchie. Il s’agit de l’une des trois seules répliques identifiées à ce jour, provenant de l’ancienne collection de Lucien Baszanger (1890–1971), joaillier genevois et descendant direct de Paul Bassenge, co-créateur du collier originel avec Charles Böhmer.

Reproduction du fameux collier de la Reine.
Fin XIXe-début XX siècle
D’après le modèle créé par les bijoutiers Böhmer
et Bassenge pour la reine Marie-Antoinette
En alliages d’argent et métal, serti de pierres
d’imitation sur paillon, monté « en esclavage »
© ARTCURIAL
Réalisée selon la composition dite « en esclavage » du bijou original, cette réplique en alliage d’argent et de métal est sertie de pierres d’imitation sur paillon. Elle se distingue par sa fidélité remarquable à la gravure annotée conservée à la Bibliothèque nationale de France. Ce qui lui a valu d’être utilisée dans plusieurs productions cinématographiques, notamment L’Affaire du collier de la Reine (1946) et Marie-Antoinette, Reine de France (1955). Ainsi que d’être exposée au Château de Versailles lors de l’exposition Marie-Antoinette, archiduchesse, dauphine et reine en 1955.
L’affaire du collier de la Reine éclaboussa la cour de France à la veille de la Révolution. Le bijou de près de 650 diamants totalisant 2 800 carats attira l’attention de Jeanne de La Motte, une comtesse désargentée, qui monta une incroyable escroquerie impliquant à son insu la reine Marie-Antoinette. Usant de fausses lettres, d’une double de la souveraine et de stratagèmes soigneusement orchestrés, Jeanne parvint à convaincre le cardinal de Rohan que la reine souhaitait acquérir le collier en secret. Trompé, celui-ci en fit l’acquisition avant que les diamants ne soient démontés et revendus à l’étranger. Bien que totalement étrangère à la manœuvre, Marie-Antoinette vit son nom durablement associé à cette affaire, qui contribua à nourrir un climat de défiance envers la monarchie.
Né à Amsterdam, Lucien Baszanger perpétua l’héritage de son ancêtre Paul Bassenge, bijoutier contraint à l’exil aux Pays-Bas après la Révolution française. Il fonda en 1914 sa propre maison de joaillerie rue de la Corraterie à Genève, spécialisée dans les bijoux anciens et les perles fines, que son fils reprendra ensuite.
Conservée dans sa descendance directe, cette réplique historique est aujourd’hui proposée pour la première fois aux enchères. Si elle ne contient ni or ni diamant véritable. Elle incarne néanmoins un fragment de mémoire, celle d’un scandale qui précéda l’effondrement d’un régime.