Le goût de la parure, les bijoux dans les tableaux.
C’est le Centre des monuments nationaux et le château de Versailles qui nous emmènent au château d’Angers pour cette belle exposition. Le goût de la parure. Portraits du château de Versailles
Amoureux de bijoux et d’art, Esprit Joaillerie tenait à vous faire partager cette exposition, un regard des peintres sur les bijoux. C’est un moment où la dimension historique rejoint la dimension artistique. Alors, le peintre montre sa virtuosité par l’éclat des pierres, perles et diamants, le goût de la parure.
Ainsi, de Louis XIV au Second Empire, nous découvrons les colliers, bagues, pendants d’oreilles, boucles de souliers ou les pierres cousues à même le costume.
C’est aussi la possibilité d’apprécier l’histoire des joyaux de la Couronne. Les portraits des rois et reines sont une précieuse source iconographique. Car, enrichi par chaque souverain, ce trésor a partiellement traversé l’Histoire. Saisissons ensemble l’évolution des usages et formes des bijoux, les goûts d’une époque.
Passionné par les pierres qu’il a vu dans son enfance, auprès du
cardinal Mazarin ou de sa mère Anne d’Autriche, Louis XIV enrichit considérablement la collection des bijoux de la Couronne. Le diamant de Guise ou le grand saphir ayant appartenu à la collection Ruspoli ainsi que le Grand Sancy résume assez bien cette période fastueuse. Soulignons que cet enrichissement de la Couronne s’accompagne également de nouvelles techniques de mise en valeur des gemmes.
Tout d’abord, les tailles se diversifient. Ainsi la taille en pointe (octaèdre simplement poli ) se transforme et on peut voir l’evolution par les tailles en pendeloque, en ovale ou en rose à plusieurs facettes.
Puis les bijoux et pierres portés en parure ornent l’habit. Car arborer ses richesses, c’est participer au spectacle donné à Versailles et donc c’est plaire au Roi-Soleil.
Au XVIIIème siècle, le goût évolue de façon significative. Le siècle des lumières voit la réputation des joailliers parisiens grandissantes. La joaillerie française est alors un modèle de qualité, raffinement et d’élégance pour toute l’Europe.
Le somptueux portrait du jeune Louis XV attire le regard par l’abondance de pierres ornant son habit. Saphirs, diamants, grenats proviennent des joyaux de la Couronne. Une broche de diamants orne son tricorne. Paré du ruban bleu de l’ordre du Saint-Esprit, Louis XV porte aussi le noeud rouge et la croix de diamants des chevaliers de Saint-Louis.
C’est pendant le règne de Louis XV que le Trésor royal s’enrichit d’une pierre exceptionnelle, le Régent, un diamant de 140 carats provenant de la province indienne de Golconde.
Outre une couronne d’or, Louis XV porte le jour de son sacre une couronne de vermeil, plus légère.
La monture ajourée, composée d’un bandeau et de huit arceaux, était ornée d’un décor polychrome, caractéristique du goût de l’époque, de diamants, diamants roses, rubis, émeraudes, saphirs et topaze.
Plusieurs diamants célèbres y étaient sertis, dont le Sancy qui ornait le sommet de la couronne et le Régent. Avec 282 diamants, 64 pierres de couleur et 200 perles, c’est la plus riche couronne jamais réalisée.
Ce portrait d’apparat témoigne du goût prononcé de la reine pour les diamants qui constellent sa toilette. Une chute de perles court dans ses cheveux.
Sous Louis XVI et à la fin du XVIIIème siècle, la reine Marie-Antoinette cède à la mode antique. Les parures sont plus discrètes. Le style rocaille sous Louis XV s’épure pour laisser la place à une sensibilité qui tend vers un certain naturel.
La passion de Marie-Antoinette pour les bijoux est connue. Pourtant, le fameux collier de la reine, auquel son nom est attaché, ne lui a jamais appartenu. Les joailliers Charles-Auguste Boehner et Paul Bassenge réalisèrent un exceptionnel collier, composé de 550 diamants et d’une centaine de perles, et tentèrent de convaincre la reine de l’acquérir.
Celle-ci refusa en raison de son prix exorbitant. Le complot de la comtesse de Valois pour faire acheter la parure au cardinal de Rohan, l’entrevue de celui-ci avec un sosie de la reine dans un bosquet du château de Versailles, son arrestation à l’issue de la messe du 15 août 1785, et la dispersion des pierres du collier démembré donnèrent des airs de roman à cet épisode, qui eut des conséquences politiques réelles puisque la réputation de la reine s’en trouva profondément ternie.
Cette gravure réalisée après le scandale permet de se représenter le collier disparu.
Au moment de la Révolution, la plupart des parures emblématiques disparaissent. Si de célèbres pierres ressurgissent parfois sur le marché, nombre de joyaux de la Couronne ne sont plus connus que par les inventaires, ou encore des tableaux qui en gardent la mémoire.
Après la Révolution, le goût de la parure renaît, mais le Trésor royal a été dispersé après la vente d’une partie des Diamants de la Couronne et le pillage du Garde-Meuble en 1792.
Napoléon empereur commande au joaillier Marie-Etienne Nitot des parures pour l’impératrice Joséphine. Lors de son divorce, en 1809, l’Empereur fait remonter les parures d’État pour sa nouvelle épouse, Marie-Louise. Nitot fils a par la suite le monopole des nombreuses commandes de parures de diamants, perles et pierres de couleurs.
Toutes les tendances et techniques nées de la fin de l’Ancien Régime sont ainsi encore très appréciées comme les perles, les camées ou la micro-mosaïque.
La duchesse d’Angoulême et la duchesse de Berry cristallisent l’enrichissement des joyaux de la Couronne avec le règne de Louis XVIII.
Le joaillier Paul-Nicolas Ménière démonte l’ensemble des parures pour en faire disparaitre les symboles impériaux et les mettre au goût du jour.
Les acquisitions de la Restauration révèlent un goût prononcé pour les riches garnitures de diamants, mais aussi un intérêt marqué pour les pierres de couleurs, turquoises, opales, améthystes, qui étaient peu présentes. C’est l’âge d’or du bijou romantique.
A l’arrivée de Napoléon III, les joyaux de la Couronne sont à nouveau remontés pour l’impératrice Eugénie. Si le style reste classique il permet également des fantaisies avec des inspiration grecques, ou encore naturalistes, bouquets, guirlandes, girandoles de fleurs en diamants.
Une superbe exposition pour redécouvrir l’Histoire de France, l’histoire des bijoux, “le Goût de la parure”.
Exposition jusqu’au 15 janvier 2017
Château d’Angers
2, promenade du Bout du Monde
49100 Angers