Think Pink, Lydia Courteille redéfinit le bestiaire joaillier
Avec sa dernière collection baptisée Think Pink, Lydia Courteille poursuit son exploration d’un langage joaillier radical, nourri de références érudites et d’une liberté créative qui défie les conventions. Cette fois, le point de départ est un accessoire en apparence ludique, des lunettes roses à motif léopard, qui devient clé de lecture d’un univers où la nature s’exprime en codes précieux.

© LYDIA COURTEILLE
En revisitant son bestiaire emblématique à travers ce filtre chromatique délibérément irréaliste, la créatrice interroge notre perception du monde animal. Que reste-t-il de la faune une fois passée au crible du bijou ? Une abstraction colorée, mouvante, hybride. Un caméléon pavé de saphirs, un poisson-lanterne aux reflets grenat, un singe qui grimace sous une pluie de pierres roses et de diamants. L’animal n’est plus figuratif, il devient allégorie.
Lydia Courteille signe ici une réflexion autant esthétique que culturelle. Le rose, souvent perçu comme frivole, s’érige en manifeste. Les pierres précieuses servent un propos plus large, brouiller les frontières entre naturalisme, fantastique et satire douce. On pense à Dali, parfois à Bosch, dans ces mises en scène décalées où l’excès est savamment maîtrisé.
Avec Think Pink, Lydia ne se contente pas d’ajouter une ligne à son œuvre, elle la commente elle-même, comme une artiste qui repasse sur ses premiers traits avec des couleurs nouvelles. Une réinvention par l’accumulation, le décalage, l’impertinence. Le bijou devient objet critique, vecteur d’un imaginaire repensé. Et si l’on accepte de chausser ces fameuses lunettes, c’est peut-être le monde réel qui commence à paraître bien terne en comparaison.