Briller, la lumière en partage, de l’Empire à nos jours
Dans un récit nourri par les archives de la maison Chaumet, Laurence Cossé explore la trajectoire mouvementée des joyaux, objets de lumière et de pouvoir, au cœur des vies féminines de l’histoire.
Le bandeau de diamants baptisé Triple Soleil, offert par le prince Félix Youssoupoff à son épouse Irina Romanova en 1914, semblait fait pour traverser les siècles. Mais à peine trois ans plus tard, la Révolution russe précipite l’exil du couple, et les fastes d’un monde s’effondrent. Le diadème, caché dans le palais moscovite, réapparaît en 1925 dans un quotidien illustré, entre les mains des bolcheviques. Le joyau a survécu, mais plus rien n’est intact.
À travers cette scène saisissante, Laurence Cossé ouvre Briller, publié chez Gallimard. Elle y tisse une réflexion subtile sur la manière dont les bijoux ( et en particulier ceux façonnés par Chaumet ) deviennent les témoins de l’Histoire autant que de l’intime. Ils apparaissent, disparaissent, renaissent parfois sous une autre forme. Ils accompagnent les femmes dans les gloires et les revers, les unions et les ruptures, les bals et les exils.
Ce livre ne se lit pas comme une galerie de portraits, mais comme une succession de récits où l’objet joaillier fait lien. Il traverse les générations et les régimes, passant d’une cour impériale à une scène mondaine, d’un écrin fermé à une vitrine de musée. Ce fil narratif donne à voir des femmes puissantes ou fragiles, protégées ou exposées, dont les bijoux incarnent bien plus qu’un goût ou un statut. Ils cristallisent un moment, une appartenance, une mémoire.
En s’appuyant sur une documentation rigoureuse, Laurence Cossé ne cherche pas à faire briller l’apparat, mais à comprendre ce que ces parures disent du monde qui les entoure. À rebours du spectaculaire, elle interroge la permanence dans l’éphémère, et la façon dont certaines œuvres échappent à leur créateur comme à leur propriétaire.
Briller propose une traversée du temps où le bijou devient le fil conducteur d’histoires singulières et souvent méconnues. Sans jamais forcer l’éclat, ce livre révèle ce que ces créations disent des époques qu’elles ont traversées, des femmes qui les ont portées et des regards qui les ont entourées. Un regard sensible sur la joaillerie comme mémoire en mouvement, à la fois précieuse et vivante.