Capucine H, l’éclat éthique de la joaillerie moderne.
Un plongeons dans l’univers fascinant de Capucine H, une créatrice de bijoux française. En tant que designer visionnaire, elle allie élégance et engagement, éveillant les consciences sur la fragilité de notre planète. À travers des collaborations avec des scientifiques et des explorations des contrées les plus reculées, elle traduit les enjeux environnementaux dans des bijoux devenus de véritables récits visuels. Récemment saluée par le salon TIMELESS JEWELS® avec le PRIX L’ALCHIMISTE, consécration de son savoir-faire remarquable.
Son travail va au-delà de l’esthétique, invitant subtilement au dialogue sur l’impératif de préserver notre environnement. Découvrons ensemble ses créations éthiques et son processus créatif.
Chère Capucine, comment vous est venue votre passion pour le bijou ?
Bonjour Charlotte, merci de me recevoir !
Ma passion pour le bijou est née très vite, j’étais une petite fille passionnée par les cailloux, je les collectionnais et j’en étais très fière !
Je crois que j’étais fascinée par l’aspect physique/chimique, le fait que la Nature arrive à créer de telles choses !
Et puis peu à peu les cailloux ont dérivé vers les pierres précieuses.
À côté de cela j’étais très créative, je dessinais beaucoup, j’imaginais des univers fantastiques, et donc vers l’âge de 8 ans environ, j’ai découvert qu’il y avait un métier qui combinait ces deux passions : être joaillière !
J’ai également eu une chance folle : j’ai eu l’opportunité de réaliser mon stage de 3e chez Van Cleef & Arpels. Dès le premier jour, je suis rentrée à la maison et j’ai dit à mes parents : “C’est décidé, je ferai ça de ma vie !”
Ce stage a instantanément confirmé mon amour pour le milieu de la joaillerie !
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Même si j’ai su très tôt ce que je voulais faire, j’ai tenu à passer mon Bac scientifique. D’ailleurs maintenant on retrouve mon attrait pour les sciences dans mon travail. Ensuite, je suis allée étudier la fabrication de bijoux pendant 4 ans à la Haute Ecole de Joaillerie. Là-bas, j’y ai appris les codes et techniques de fabrication de la joaillerie, avec l’exigence française ! C’était un enseignement extrêmement complet, avec des stages et partenariats avec les grandes Maisons de la Place Vendôme (Cartier, Hermès, etc)
Suite à cela, j’ai compris que je voulais pousser les barrières du design de bijou. Donc, je suis partie faire un Master de Design à la Central Saint Martins School à Londres. J’y ai vraiment développé ma réflexion sur le bijou porteur d’un message et l’éthique dans ce milieu. C’était dur mais j’y ai tellement appris !
Puis, j’ai décidé de fonder ma Maison en sortant de l’école. Je crois que j’avais trop pris à cœur les sujets que j’avais étudié à Londres et je souhaitais poursuivre dans cette voie !
Vous défendez la nature, la planète, pouvez-vous nous expliquer comment cette volonté s’exprime dans vos bijoux ?
Oui, pour chaque collection je cherche à m’intéresser à un sujet en lien avec la protection de la Nature : la fonte des glaces, le phytoplancton, la protection des abeilles, etc. Une fois le thème choisi, je vais me rapprocher des scientifiques, biologistes, glaciologues afin d’en apprendre plus et de comprendre tous les tenants et les aboutissants du sujet.
Je suis même partie en expédition en Arctique pour étudier la fonte des glaces !
Après, pendant la phase de design, je vais chercher à donner vie aux mots clefs, aux données scientifiques, à tout ce qui m’a paru important. Et j’essaye de le retransmettre dans mes créations.
Le but de mes bijoux est d’ouvrir le dialogue. Mais aussi de représenter nos valeurs et notre amour pour la Nature, je les appelle mes talismans climatiques.
Bien évidemment cette volonté de défendre la planète s’exprime également dans le choix des matériaux (or recyclé, diamants anciens, pierres sourcées de manière responsable) ou de la fabrication (tout est fait à Paris en circuit court, sur demande).
Je reverse également tous les mois une partie de mes bénéfices à Climeworks, une entreprise qui capture du carbone.
Quel a été le déclencheur ?
Honnêtement je ne me souviens pas d’un déclencheur unique, ma conscience écologique a grandi petit à petit en moi… J’ai eu la chance de beaucoup voyager avec ma famille plus jeune. Et je me souviens clairement de ce sentiment où l’on se dit “whaou, la Nature est si forte, si belle, elle a créé des choses absolument incroyables tout autour de la planète, et c’est à nous tous de la protéger”.
Quel est le premier bijou que vous avez réalisé ?
Le tout premier ?
Sûrement un bracelet en perles ou en nouilles pour ma maman !
Et le premier bijou de ma marque, il s’agit de la bague Isfjell, elle symbolise un iceberg qui subit l’érosion et tourne autour du doigt !
Pouvez-vous nous présenter 2 créations de votre choix en nous expliquant pourquoi ?
Bien sûr ! je vais vous présenter deux de mes pièces les plus spectaculaires, qui font toutes les deux parties de la collection Téthys liée au phytoplancton. Tout d’abord je souhaite vous présenter la broche Foraminifera. Les Foraminifères sont une catégorie de plancton constitués d’une coquille calcaire. Malheureusement, à cause de l’acidification des océans, les coquilles du plancton se détériorent, ce qui est symbolisé dans cette broche par les saphirs jaunes orangés qui donnent l’impression de venir dévorer la broche et de se diriger vers son cœur, une sublime citrine taillée sur oeuvre !
L’autre pièce que je souhaite vous présenter est également une broche, du nom de Cristellaria Echinata. Ce nom est le nom d’un plancton qui reprend cette forme de spirale. La pierre de centre est une topaze de 100 carats dont la couleur rappelle les cours d’eau, et tout le travail autour des diamants et saphirs blancs symbolise la photosynthèse réalisée par les phytoplanctons !
Cette broche a d’ailleurs très récemment remporté le prix L’Alchimiste du Savoir-faire !
Avez-vous une anecdote autour d’une de vos créations ?
J’en ai plein ! Si je devais en choisir une je parlerais de la bague Broken Snowflake, car elle est d’actualité ! c’est une bague qui symbolise la fonte progressive d’un flocon. Pour la réaliser j’ai étudié au microscope un flocon en train de fondre, j’en ai fait un timelapse que j’ai découpé en 15 étapes ; la bague est donc construite avec ces 15 couches successives qui symbolisent la disparition du flocon. Cette bague était dans un magazine l’année dernière, et l’équipe de la Maison du Chocolat est tombée dessus ! Suite à ça ils m’ont contactée pour dessiner pour eux leur collection de Noël 2023 autour du flocon de neige ! Nous avons donc collaboré pendant un an pour donner vie à ce projet, et c’était une très belle expérience ! Cette bague m’a donc apporté une collaboration complètement inédite !
Y-a-t-il un joaillier qui vous inspire ? Pourquoi ?
Olaaaa, il y en a tellement ! J’admire Bibi van der Velden pour la poésie de ses créations, Austy Lee pour son imaginaire fou, Boucheron pour leur audace au niveau des matériaux et techniques, ou encore Fernando Jorge pour ses lignes parfaites !
Quelle est votre pierre préférée ?
Impossible de choisir désolée ! J’aime énormément admirer les opales car elles sont absolument toutes uniques. On a vraiment l’impression qu’il s’agit d’une pierre magique ! Malheureusement ce sont des pierres contraignantes d’un point de vue technique.
J’adore les saphirs, ce sont des pierres avec un bel éclat, solides, et qui existent dans une infinité de couleurs différentes ! Et je dirai que mon petit péché mignon sont les diamants bruns, je les trouve fascinants, je regrette que l’on n’en voit pas plus…
Une lecture que vous n’avez pas oubliée ?
La Panthère, de Stéphanie des Horts ! C’est un livre qui raconte l’histoire de Jeanne Toussaint, directrice artistique de Cartier, quand j’étais petite c’était ma Bible !
Et si l’on sort de la joaillerie, j’aime les romans dystopiques comme 1984 de George Orwell ou
La Servante Écarlate de Margaret Atwood.
Que peut-on vous souhaiter ?
Plein de projets ! J’aime vivre à 100 à l’heure et avoir le cerveau qui bouillonne d’idées !
Et aussi de belles rencontres, des nouveaux scientifiques, des nouveaux artisans, des nouvelles collaborations.
Toutes ces rencontres me permettent d’avancer et de vibrer en faisant ce qui me plaît !
Chère Capucine, votre créativité visionnaire inspire. Votre engagement envers la préservation environnementale laisse une empreinte précieuse. Merci d’avoir partager votre histoire captivante avec nous.