Esprit Joaillerie vous emmène l’espace d’une lecture au Mexique, chercher une perle.
Pour commencer ce voyage se fait grâce au roman de John Steinbeck, La Perle. Il faut souligner que cette perle est spéciale. En effet, c’est celle qui attire au premier coup d’oeil par sa clarté, sa pureté et son mystère. En effet il s’agit de La perle du monde.
Ainsi, cette courte histoire se présente comme un conte moral transmis de générations en générations chez les pécheurs mexicains. Alors, nous entrons dans l’histoire d’un couple de pauvres pécheurs mexicains qui va découvrir les affres de la richesse.
“Dans la ville, on raconte l’histoire d’une grosse perle – comment elle fut trouvée, puis perdue à nouveau ; l’histoire de Kino, le pêcheur, de sa femme Juana et de leur bébé Coyotito. Et comme l’histoire a été si souvent racontée, elle est enracinée dans la mémoire de tous. Mais, tels les vieux contes qui demeurent dans le cœur des hommes, on n’y trouve plus que le bon et le mauvais, le noir et le blanc, la grâce et le maléfice – sans aucune nuance intermédiaire“
Afin de trouver l’argent pour soigner leur fils, le petit Coyotito, qui vient d’être piqué par un scorpion, Kino et Juana décident de prendre leur petite barque pour partir à la recherche d’une belle perle. Effectivement, ils en trouvent une magnifique. Kino voit dans la perle le miroir d’une richesse future.
“Jouant de sa lame comme d’un levier, il le fit céder et le coquillage s’ouvrit. Les lèvres de chair se crispèrent puis se détendirent. Kino souleva le repli et la perle était là, la grosse perle, parfaite comme la lune. Elle accrochait la lumière, la purifiait et la renvoyait dans une incandescence argentée. Elle était aussi grosse qu’un œuf de mouette. C’était la plus grosse perle du monde.“(…)
Bientôt, les passions se déchaînent. Le couple devra lutter contre la cupidité et la jalousie des autres et aussi contre ses propres démons.
“Chaque acheteur était censé agir pour son compte et affronter ses concurrents aux enchères pour l’acquisition des perles apportées par les pêcheurs. Et il fut un temps où il en était ainsi. Mais c’était là une période de gaspillage, car il était parfois arrivé que, dans le feu des enchères pour l’obtention d’une belle perle, d’énormes sommes avaient été offertes aux pêcheurs, extravagance qu’il ne fallait pas encourager. A présent, il n’y avait plus qu’un seul acheteur avec de nombreux sous-ordres, et les hommes qui, dans leurs bureaux, attendaient Kino savaient tous quel prix ils offriraient, jusqu’où ils monteraient et quelle serait la méthode employée par chacun d’eux. Et bien que cet achat ne rapportât rien à ces hommes de plus que leur salaire habituel, l’agitation avait quand même saisi tous les acheteurs de perles, car toute chasse apporte une émotion, et si la tâche d’un homme consiste à faire baisser un prix, alors il doit trouver plaisir et satisfaction à le faire baisser un maximum.”
Pour tout dire, ce récit très poétique repose sur la symbolique de la perle qui hypnotise, séduit et détruit. Car cette perle émet une musique particulière. il s’agit de la chanson de la famille lorsque Kino aperçoit dans la perle un futur meilleur (l’école pour son fils, le départ vers la ville). Puis la chanson maléfique lorsque la perle éveille le mal dans le village qui veut lui voler la perle.
Enfin, John Steinbeck décrit les changements de l’âme de Kino qui est prêt à se transformer en meurtrier pour garder la perle magique.
“Lorsqu’ils furent au bord de l’eau, ils s’arrêtèrent et regardèrent au loin, par-dessus le Golfe. Puis Kino déposa son fusils à terre, fouilla dans ses vêtements et, tout à coup, la perle apparut dans ses doigts. Il en scruta la surface et elle lui sembla grise et malsaine. des visages maudits y apparurent, des visages qui le fixaient. Il y vit la lueur d’un coup de fusil. il y vit l’oeil suppliant de l’homme de la mare. Il y vit Coyotito gisant dans la petite grotte, le crâne arraché par le coup de feu. Et la perle était affreuse, grise comme une excroissance maligne. Et kino entendit la musique de la perle, dissonante et folle. Sa main tremblait légèrement lorsqu’il se tourna vers Juana pour la lui tendre? Debout à son côté, elle portait toujours son fardeau de mort sur l’épaule. Un instant, elle considéra la perle dans la main de Kino, puis le regardant bien droit dans les yeux, elle dit doucement :
-Non toi …
Et Kino, levant le bras très haut, lança la perle de toute sa force. Kino et Juana la regardaient décrire sa trajectoire clignotante et étincelante dans le soleil couchant. Ils virent au loin le petit éclaboussement et, côte à côte, ils contemplèrent longuement la place où elle s’était engloutie. Et la perle descendit vers le fond, dans l’eau verte et douce.”
En résumé, ce livre est fascinant. Steinbeck y décrit à merveille les remous de l’âme humaine. Ainsi,la jalousie, la cupidité mais aussi les rêves de réussite sont dans le reflet d’une incroyable perle.