Les chefs-d’oeuvre de l’orfèvrerie allemande issus de la collection de Rudolf-August Oetker sont présentés à la Fondation Bemberg à Toulouse pour la première fois en France. Ces pièces laissent entrevoir la splendeur de l’art de vivre dans la noblesse et bourgeoisie allemandes du XVIème siècle.
Réalisée par les plus grands maîtres orfèvres de Nuremberg, Augsbourg, Hambourg, Dresde et Berlin, l’orfèvrerie Allemande ancienne reste confidentielle. Au cours du XVIème siècle, la demande pour les objets en argent fut importante, particulièrement pour les objets d’apparats. Seuls les orfèvres expérimentés pouvaient réaliser des modèles s’adaptant au changement de formes stylistiques, très éclectiques.
Le XVIème siècle est l’époque où l’orfèvrerie s’émancipa de la production liturgique. Depuis le XIIIème siècle, les orfèvres s’étaient organisés en corporation dotées de statuts qui, pour chaque ville, définissaient l’organisation de la profession et réglementaient l’usage des poinçons, véritables signatures des orfèvres.
La Renaissance libère l’esthétisme, les formes architecturales font place à la figure humaine. L’esprit gothique si ancré dans la tradition allemande s’effacera grâce aux innovations de Peter Vischer l’Ancien (Nuremberg), pour s’italianiser dans une profusion d’ornementation.
L’orfèvrerie révèle alors des prouesses techniques et esthétiques réalisées par les plus grands maîtres allemands. Dans le registre des formes les “Nefs”attireront l’oeil des visiteurs.
D’origine médiéval, cet objet sous l’apparence d’un bateau, cachait une sorte de coffret dans lequel était déposé le couvert. Ce”vaisseau de table” permettait de marquer la place d’honneur et d’honorer celui devant lequel il était placé (C’est également du nom de cet objet que vient le mot vaisselle).
Des matériaux de qualité entrant dans la réalisation de certaines pièces comme l’émail, l’ivoire ou la nacre permettent plus de fantaisie.
Ces pièces d’orfèvrerie illustrent la perfection du savoir-faire et également un gout pour le mélange du décor gravé et des matériaux exotiques. Les princes allemands dépensaient des fortunes pour rassembler ces raretés. L’ivoire, les perles, noix de coco, nacre, coraux et coquillage embellis par de précieuses montures représentaient la synthèse de l’Art et de la Nature.
Véritable cabinet de curiosité, “la chambre des merveilles” Wunderkammer, exposait des objets extraordinaires symbolisant la création dans toute sa diversité. L’univers végétal et animal fascinait les savants de l’époque qui s’efforçaient alors de classifier l’ensemble des espèces naturelles.
La Wunderkammer était également le prolongement des essais scientifiques, glissant vers une superstition médiévale cherchant à acquérir les vertus surnaturelles de ces matières exotiques. Le corail et les coquillages permettaient ainsi de détecter et de neutraliser le poison dans la nourriture. Les vertus magiques de ces matières furent donc montées par les orfèvres de la Renaissance.
Ces oeuvres de la nature et du savoir-faire humain témoignent de l’art de vivre dans la noblesse allemandes à cette époque, continuant ainsi de nous fasciner et nous éblouir.
Fondation Bemberg
Hôtel d’Assézat, Place d’Assézat 31000 Toulouse
www.fondation-bemberg.fr
Exposition jusqu’au 25 septembre 2016