Joyaux dynastiques, l’éloquence du pouvoir sertie de lumière.

Broche de la princesse Marina, duchesse de Kent
Russie (probablement), 1850-1900
Diamants, or, argent
8,3 × 10 × 1,5 cm
Collection Al Thani, ATC374d
© The Al Thani Collection, 2018. All rights reserved. Photograph by Prudence Cuming Associates Ltd
À l’Hôtel de la Marine, la Collection Al Thani poursuit son dialogue avec l’histoire du prestige. Après avoir exploré les arts médiévaux et renaissants, elle conclut sa trilogie avec Joyaux dynastiques. Pouvoir, prestige et passion (1700-1950), présentée du 10 décembre 2025 au 6 avril 2026 en collaboration avec le Victoria and Albert Museum de Londres.
L’exposition révèle, à travers plus de deux siècles de parures, un théâtre de gemmes où le pouvoir se lit dans la taille d’un diamant et la politique s’exprime par le geste d’un don. Les pierres, ici, ne sont pas de simples ornements : elles deviennent les actrices d’une diplomatie du sentiment et d’un cérémonial du rang.
Dès la première salle, le regard s’attarde sur la Briolette des Indes et l’Étoile de Golconde, pierres de légende dont la pureté évoque autant les routes du commerce que celles de la fascination. Émeraudes mogholes, saphir bicolore des joyaux de la Couronne : chaque gemme est un fragment d’empire, un éclat d’histoire où l’éclat minéral se mêle à la fragilité humaine.
Viennent ensuite les diadèmes, onze chefs-d’œuvre suspendus entre l’apparat et la mémoire. Du bijou offert par le prince régent à Mrs Fitzherbert au diadème Rinceaux de la reine Élisabeth de Belgique, se dessine une galerie féminine où le bijou devient à la fois armure et langage. Les créations de Fossin et de Cartier traduisent la lente mutation du goût, du romantisme napoléonien à la rigueur géométrique de l’Art déco.
La dernière partie, enfin, rappelle que le XXᵉ siècle dispersa les fastes anciens vers de nouveaux cercles, collectionneurs, héritières, figures mondaines. Du diadème Soleil à la broche Panthère de la duchesse de Windsor, les joyaux changent de fonction sans perdre leur éloquence. Ils ne célèbrent plus la dynastie, mais l’individu.
En sortant de cette exposition on comprend que ces pierres, loin d’être de simples trésors, constituent une grammaire du pouvoir. Un art d’exister par le rayonnement.
Crédit visuel mis en avant : ©Victoria and Albert Museum, London
