Napoléon au Grimaldi Forum, lorsque l’aigle impérial rencontre la couronne monégasque.
Au Grimaldi Forum, l’été s’est ouvert sur un dialogue inattendu entre deux histoires familiales que tout semble éloigner, et que le XIXᵉ siècle a pourtant rapprochées, celles des Bonaparte et des Grimaldi. Près de deux cents pièces rares, dont certaines n’avaient jamais franchi les portes d’un musée, racontent ce siècle de rencontres et de passages d’influence entre la France impériale et la petite principauté.

Parure aux camées de malachite
Nitot & Fils
Or, perles, malachite, camée maroquin,
écaille
Fondation Napoléon
©Fondation Napoléon/ Patrice Maurin
Berthie
À l’aube de la Révolution française, Monaco disparaît un temps de la carte européenne. Les princes de la Roche s’adossent alors à l’épopée napoléonienne, partageant le tumulte des champs de bataille et les fastes de la cour. La Malmaison, refuge de Joséphine, devient un lieu de mémoire pour cette alliance discrète, tandis que la légende veut que Napoléon lui-même ait croisé la route du prince lors de son retour en France en 1815. Alexandre Dumas en fera le récit, ajoutant à cette chronique familiale une touche de romanesque.
Après la chute du Second Empire, la principauté s’installe dans une prospérité nouvelle. Reliée par la corniche et par le rail, elle attire voyageurs et aristocrates, s’offre un casino puis un opéra signé Charles Garnier. Dans ce « petit Paris » sur mer, l’ombre des Bonaparte persiste, Napoléon III scelle en 1861 une alliance politique déterminante, tandis que l’impératrice Eugénie entretient avec le prince Albert Ier une relation de marraine à filleul, allant jusqu’à favoriser son mariage avec Marie-Victoire Hamilton, issue de la lignée adoptive de Napoléon Ier.
L’exposition dévoile ce réseau de fidélités et d’influences par le prisme des objets : bijoux de Joséphine, tabatières, portraits inédits issus de collections privées, argenterie monégasque digne des plus belles tables impériales. Les salles évoquent les palais autant que l’intimité de leurs occupants. Au détour d’une vitrine, la pendule à l’oiseau de la collection Iakobachvili, jumelle de celle que Joséphine chérissait à La Malmaison, illustre l’ingéniosité et la poésie décorative de l’époque.
Au fil de la visite, le cérémonial des Grimaldi se révèle façonné par l’héritage bonapartiste. L’ordre de Saint-Charles, créé à l’image de la Légion d’Honneur, en témoigne. Entre politique, art et vie privée, cette histoire tissée à deux voix se lit dans chaque objet. Les collections du Palais princier, de la Fondation Napoléon et de plusieurs musées français ont prêté leurs trésors à cette rencontre.
Jusqu’au 31 août 2025, Monaco propose ainsi de parcourir un siècle où les pas des Grimaldi et des Napoléon se sont rejoints, et où la petite principauté méditerranéenne a trouvé dans l’ombre impériale une part de son rayonnement.
Photo mise en avant : Tabatière de présentation avec portrait du Premier Consul Napoléon Bonaparte
Joseph-Étienne Blerzy et Etienne-Lucien Blerzy (orfèvres) Jean-Baptiste Isabey (miniaturiste) Paris, 1799-1804
Or, diamants, ivoire peint, verre 2.8 x 8.8 x 6.2 ©Musée Collection des Arts – David et Mikhail Iakobachvili